Le traversier – N° 34 – Vertige

Collectif. Le traversier. Nouvelles. Juin 2020

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Le Traversier
Albert DÉGARDIN

Éditorial de Patrick Uguen
« O Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
… Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! »*
Le vertige : certains ne le connaissent pas, voire même, le réclament, ce creux paradoxal au fond de l’estomac d’angoisse et de désir. Ce n’est pas tant la hauteur, d’aucuns s’effraient d’un tabouret, que la perte du repère, l’apparition de l’inconnu et de son vide qui nous saisit dans le vertige :
– c’est la crainte de ne plus discerner, si loin, tout en bas, la terre disparue. Nos jambes flageolent : il nous faut redescendre ou bien reculer,
– c’est la chaine qui nous retient aux veilles des adieux à nos heures familières : l’affolement du cœur aux battements d’un cil, le tremblement des doigts sur la page qu’on ne sait pas remplir. Et nous refermons nos lèvres et nos stylos.
– c’est, plus terrible, l’effroi du vide de la mort inattendue qui tue l’être cher et tout le cher passé : les portes d’airain qui s’ouvrent et qui descellent nos remparts et rongent nos étais. C’est le gouffre pandémique, l’attente de quelqu’un qui ne reviendra pas.
Mais, revenons à une moindre échelle. Il semblerait que la peur soi salutaire : dans l’évolution, elle serait l’alarme interne qui nous alerte d’un danger…Alors de quoi nous prévient le vertige ? D’une chute possible ? Et nous voilà tétanisés !
Mais, si nous changeons de perspective, le vertige devient la peur de monter trop haut et non celle du vide. Soyons immodeste : de notre tabouret aux falaises d’Etretat, équilibristes entre deux néants, longeons les précipices, grimpons les sommets : ça n’est qu’en avançant que la chute sera moins dure.

*Le voyage, Baudelaire, in Les fleurs du mal 1859

Les auteurs
Monique BABIN
Ghislaine CASSIAT
Albert DÉGARDIN avec Heureux vertige
Alain LAFAURIE
Marie-France LECLERCQ
Marie-Thérèse LEFORT
Michel LEGRAND
Peggy MALLERET
Pierre MANGIN
Bernard MARSIGNY
Arlette MILLARD
Maryse PERROT
Jean-Philippe RICARD
Bertrand RUAULT
Tom SAJA
Patrick UGUEN

Green War

Roland MOREL. Les Éditions Baudelaire. Roman. 2020. 9791020329868

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4ème de couverture
« Un bock de café à la main, Robin s’installa devant les hublots de la Coupole d’Observation de la Station Spatiale des Verts, la SSV. Il ne se lassait jamais d’admirer la Planète Bleue à partir de l’Espace pendant ses moments de repos, de préférence pendant les quarante-cinq minutes de « jour » où elle se livrait dans toute sa splendeur. […] Pendant qu’il sirotait son café devant ce tableau unique de la Planète Terre sertie d’un écrin noir dans lequel le reste de l’univers était plongé, il fut envahi, comme cela lui arrivait fréquemment ces derniers temps, par un sentiment d’exclusion et de profonde solitude. […]
Il était condamné à vivre en la seule compagnie de Rob.
Pour le consoler, on n’avait pas manqué de souligner que Rob, le robot anthropoïde qui l’assistait, valait à lui seul deux astronautes. Il avait l’avantage de ne consommer ni oxygène, ni eau, ni provisions de bouche. On avait rajouté, non sans ironie et avec un brin de condescendance, que la faveur qu’on lui avait faite de lui fournir un assistant – compagnon ou compagne ! – aussi performant à tout point de vue, méritait quelques menus sacrifices de la part de celui qui avait osé remettre en cause la Green Vision du GPS, le Guide Penseur Suprême. »

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